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Libération
TRIBUNE

Un silence assourdissant s’abat sur la Syrie

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par Jean-Pierre Filiu, professeur des universités à Sciences-Po (Paris)
publié le 28 juillet 2014 à 18h06

Oublions «Plomb durci» (2009), «Pilier de défense» (2012) ou «Bordure protectrice», le nom de code israélien de l’offensive en cours contre Gaza. Tant qu’à employer un tel registre, je préfère «Eternel recommencement», le titre de l’opération lancée, en 2005, par Ariel Sharon contre la bande de Gaza, le mois suivant le «retrait unilatéral» des colons et des militaires d’Israël hors de ce territoire.

L’occupation de Gaza se poursuit depuis lors, sous une autre forme, moins directe, tout aussi violente et arbitraire, avec des incursions régulières à l’énoncé «codé». Tout étudiant en première année de droit sait qu’un blocus est un acte de guerre. En l’espèce, le blocus israélien est aérien et maritime, avec la contribution active de l’Egypte au blocus terrestre.

Cela devrait suffire à enterrer les illusions sur une possible «médiation» du Caire dans ce conflit, où l’Egypte est partie aux côtés d’Israël. Quant à la fameuse «communauté internationale», elle s’est constituée en Quartet autour des Etats-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et de l’ONU. Elle a pour envoyé spécial l’incomparable Tony Blair, qui n’a jamais eu un mot pour dénoncer le principe même du blocus de Gaza.

Les horreurs infligées à la population de Gaza en janvier 2009 m'ont, comme tant d'autres, plongé dans une profonde douleur. Mais j'ai aussi senti monter dans mon pays une haine dans laquelle je ne pouvais en rien me reconnaître. Pour surmonter ma douleur, mais aussi pour neutraliser cette haine, fruit d