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Libération
Récit

Esclavage domestique au Liban : «Certaines filles dorment dans le couloir»

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Aimée Razanajay, employée de maison à Beyrouth, dénonce les conditions de travail des Malgaches recrutées par des familles libanaises.
Une domestique immigrée dans un refuge tenu par l'association Caritas à Dora, à l'est de Beyrouth, au Liban. (Photo Cynthia Karam. Reuters)
publié le 30 juillet 2014 à 13h38

Ces quinze dernières années, des dizaines de milliers de Malgaches sont parties travailler en tant que domestiques à l'étranger, selon les chiffres de l'Organisation internationale du travail. Aimée Razanajay, employée de maison à Beyrouth, dénonce un trafic entre des agences malgaches et le Liban, où certaines de ses collègues sont réduites en esclavage.

Contrairement à une grande majorité de Malgaches ayant quitté leur pays à cause de la pauvreté ou des conditions de vie difficiles, Aimée Razanajay, qui dirigeait une entreprise matrimoniale, voulait juste voir du pays. En 1998, elle décide de chercher du travail à l'étranger. Une agence de recrutement a tout de suite pris en charge les démarches pour lui obtenir un passeport. «Je n'ai pas demandé quel travail il me proposait et personne ne m'a rien dit. Il n'y a eu aucun débat, aucune explication», déplore Aimée. C'est lors de la signature du contrat, deux mois plus tard, qu'elle apprend qu'elle part le surlendemain pour le Liban, comme domestique.

A son arrivée à Beyrouth, la jeune femme est «choquée». Seule la jeune Philippine qui lui a ouvert la porte lui adresse la parole et fait attention à elle. Ses employeurs ne la maltraitent pas physiquement, ils l'ignorent simplement. Au fil de ses rencontres – la plupart du temps au supermarché lorsqu'elle fait les courses – elle recueille