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Interview

«Nous n’avions jamais vu le virus se propager dans les zones urbaines»

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Selon la spécialiste américaine Laurie Garrett, les gouvernements occidentaux «auraient dû intervenir bien plus tôt».
publié le 31 juillet 2014 à 20h26

Laurie Garrett dirige le Global Health Program du Council on Foreign Relations, un groupe d’experts indépendant installé à New York. Elle a commencé à étudier le virus Ebola au début des années 90 et son livre

The Coming Plague

a obtenu le prix Pulitzer dans la catégorie investigation.

Comment expliquer cette épidémie qui semble avoir surpris tout le monde ?

Dans ce cas précis, on a commencé à s'intéresser à ce qui se passait quand un citoyen du Liberia qui avait la nationalité américaine est allé au Nigeria fin juin et s'est effondré à la sortie de l'avion avant de mourir un mois plus tard [Patrick Sawyer travaillait comme consultant au ministère des Finances du Liberia, ndlr]. C'est à ce moment-là que la planète a reparlé du virus Ebola et que les gouvernements occidentaux se sont inquiétés parce qu'ils ont compris qu'il pouvait s'étendre hors de l'Afrique de l'Ouest. Ils n'ont pas montré la même inquiétude quand l'épidémie était circonscrite à la Sierra Leone, au Liberia et à la Guinée.

L’épidémie est-elle différente des précédentes, notamment celle qui avait touché l’Afrique centrale au milieu des années 90 ?

Elle est radicalement différente. Jusqu'à présent, nous n'avions jamais vu le virus Ebola se propager dans les zones urbaines. Quand j'étais en 1995 dans la zone de Kikwit, dans l'ex-Zaïre [république démocratique du Congo], il s'agissait d'un grand village et d'une zone rurale totalement isolée. Il était difficile d'y accéder et d'en repartir, le terrain de foot servait d'aéroport. De fait, les épidémies que nous avons pu observer par la suite sont intervenues dans des zones rurales, proches de la forêt tropicale. La plupart des gens qui