La Vierge rendra-t-elle hommage aux parrains ? Dans la plupart des villes du sud de l'Italie, c'est la question qui hante les officiers des carabiniers et plus encore les prêtres de quartier. Depuis que le pape François a spectaculairement «excommunié» en juin les mafieux, la bataille contre les clans se déroule sur le plan symbolique et religieux. Dans son voyage en terre de 'Ndrangheta, à Cassano allo Ionio (Calbre), Jorge Mario Bergoglio avait appelé l'Eglise à «s'engager toujours plus», martelant que «ceux qui, dans leur vie, ont choisi cette voie du mal, comme les mafieux, ne sont pas en communion avec Dieu. Ils sont excommuniés».
En réponse à l'anathème, les boss s'emploient à maintenir la tradition des processions religieuses derrières les statues de la Vierge, qui se déroulent généralement l'été. Et sous les balcons des maisons des plus puissants parrains, les fidèles font une halte en signe de déférence. Dimanche, la Madonna del Carmine s'est ainsi arrêtée, comme de tradition, devant l'agence de pompes funèbres du boss Alessandro D'Ambrogio, dans le quartier palermitain de Ballaro. «Les processions sont gérées par des congrégations qui sont financées par les habitants du quartier. La tradition veut que la statue de la Vierge rende hommage aux donateurs les plus généreux, généralement des mafieux, détaille le journaliste Francesco La Licata. Pour les prêtres, sur le terrain, ce n'est pas une situation facile à gérer. Il