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Libération

«A Belgrade, c’est la panique»

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Les Serbes attendent les bombardements autrichiens. Le gouvernement a fui la capitale.
publié le 3 août 2014 à 18h06

Six jours ont passé depuis ce moment où le Premier ministre serbe, Nikola Pasic, a reçu ce fameux télégramme de Vienne dans lequel l'Autriche-Hongrie faisait savoir en français au gouvernement serbe qu'elle «se considère de ce moment en état de guerre avec la Serbie». Arrivé par la poste, ce télégramme a été remis à Nikola Pasic le 28 juillet à Nis, au café Evropa, où il déjeunait avec sa femme et ses deux filles. «Pasic l'a pris, l'a lu, a fait le signe de croix et me l'a passé», raconte l'ambassadeur russe en Serbie, Vasili Nikolaïevitch Strandman. «Sans dire un mot, je le lui ai rendu et suis parti envoyer un télégramme à mon ministre», nous explique-t-il. La mécanique infernale des alliances militaires peut enfin se mettre en place.

Depuis plusieurs jours déjà, on savait la guerre inévitable. La Serbie avait bien accepté neuf des dix points de l’ultimatum autrichien du 23 juillet mais avait refusé le dernier, qui exigeait qu’elle laisse Vienne enquêter librement en territoire serbe à la recherche des prétendus responsables de l’assassinat à Sarajevo le 28 juin de l’héritier de l’Empire austro-hongrois. Car, pour Vienne, il était clair que la main de l’assassin, Gavrilo Princip, un défenseur de la création de la Yougoslavie, ou Etat des slaves du Sud, n’avait pu être dirigée que de Belgrade, si ce n’était par la cour, au moins par l’armée, une armée qu’on savait belliqueuse depuis qu’elle a renversé dans le sang en juin 1903 la dynastie des Obren