C'est la guerre et la France est prête pour ce conflit qu'elle n'a pas voulu mais qu'elle remportera grâce à son armée et au soutien de ses alliés. Hier à 18 heures, l'ambassadeur allemand, le baron Wilhelm von Schoen, s'est rendu au Quai d'Orsay où il a lu une déclaration annonçant que l'Empire allemand «se considère en état de guerre avec la France du fait de cette dernière».
Les dés sont jetés. A l'issue de cette rencontre glaciale de quelques minutes, il a demandé ses passeports pour quitter la France avec le personnel de l'ambassade. «L'Empire d'Allemagne n'a fait que donner tardivement le nom véritable d'un état de fait qu'elle avait déjà créé», ont souligné dans une déclaration le président de la République, Raymond Poincaré, et le président du Conseil, René Viviani (lire aussi page 5). Les dés sont jetés après plus d'un mois de crise et d'escalade voulue par les empires centraux.
Nourris d'une idéologie pangermaniste qui prétend «rajeunir les membres épuisés de la vieille Europe par le sang allemand», les généraux du Kaiser promettent un «duel à mort» et «une guerre au couteau qui anéantira pour toujours la situation de grande puissance de la France». Ce sont deux visions du monde qui s'affrontent : la France républicaine et l'Allemagne impériale, les principes de liberté et d'autorité. Berlin a posé un ultimatum inacceptable au royaume de Belgique, exigeant d'y faire passer ses