L’armée française est dirigée depuis trois ans par un pur produit de l’institution et de la méritocratie à la française : le général Joseph Joffre, 62 ans. Officier brillant, spécialiste du génie, cet homme qui arbore la moustache a été nommé chef d’état-major en juillet 1911 après la destitution du général Victor-Constant Michel, dont les plans contre l’Allemagne ont été vivement récusés par le gouvernement.
Joseph Joffre a la réputation au sein de l’institution d’être un homme solide intellectuellement et très expérimenté. Il est né en 1852 à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) dans une famille aisée. Très bon élève, le jeune Joseph est entré à Polytechnique à l’âge de 17 ans, benjamin de sa promotion. Il a à peine franchi les portes de l’école lorsqu’il est mobilisé face aux Prussiens en 1870. Après la défaite, il revient sur les bancs de l’école avec le grade de sous-lieutenant et entame à sa sortie une brillante carrière, avec pour spécialité le génie. A ce titre, cet ingénieur de formation participe à de nombreux plans de fortification à travers le pays, traumatisé par la défaite de 1870, mais déterminé à préparer la France à la reconquête. En 1875, il est initié franc-maçon et entre dans la loge Alsace-Lorraine. Joffre alterne les postes en métropole et dans les colonies ; Indochine puis Soudan français, où il parvient notamment à stabiliser la situation à Tombouctou. Quelques années plus tard, le voilà à Madagascar.
Partout où il passe, l’officier Joffre donne entière sat