Docteur en théologie de l'Université de Strasbourg et titulaire d'un DEA en anthropologie de Nanterre, Mgr Youssef Thomas Mirkis est l'archevêque chaldéen de Kirkouk, dont les peshmergas kurdes se sont emparés en juin pour lui éviter d'être conquis par l'Etat islamique.
Mossoul est une ville où les chrétiens vivaient depuis longtemps sur le qui-vive, même sous Saddam Hussein, du fait de la présence de foyers salafistes. Avez-vous été surpris par cette irruption brutale de l’Etat islamique ?
Ce ne fut pas une surprise. Je suis né à Mossoul et je sais que le salafisme pur et dur y a toujours été en veilleuse. Ceci dit, le salafisme n’est pas constitué d’un seul courant. Il y a un salafisme adapté à la réalité, plus moderne, comme le wahhabisme pratiqué en Arabie Saoudite. Et il y a celui que nous voyons en Irak, qui a dépassé en radicalité Al-Qaeda. L’Etat islamique, c’est Al-Qaeda multiplié par dix. Pas de surprise, donc, sauf sur la façon lamentable dont cela s’est passé : quand les chrétiens ont fui Mossoul, on leur a tout pris. Même leurs papiers d’identité. Cela a créé un profond sentiment d’amertume.
La province de Ninive fut l’un des berceaux les plus féconds de l’humanité. Comment en est-on arrivé à ce déni systématique d’humanité ?
L’histoire dans cette région est presque rythmique. Tous les cent ans, nous avons une catastrophe. Comme si l’histoire se répétait. Par exemple, en 1915, nous avons eu le grand massacre des assyro-ch