L'indignation ne doit pas être sélective. «Les chrétiens d'Orient sont l'angle mort de notre vision du monde : ils sont "trop" chrétiens pour les altermondialistes et "trop" orientaux pour les occidentalistes», expliquait Régis Debray. L'indifférence devant la persécution des chaldéens d'Irak par les hommes de l'Etat islamique confirme cette analyse. Pour la première fois depuis des millénaires, la messe n'a pas été dite dimanche à Mossoul, l'ancienne Ninive. La France laïque peut se dire insensible à cette indignité. Mais l'Etat islamique a fait des chrétiens vivant sous sa dictature obscurantiste des citoyens de seconde zone contraints à la conversion, au départ ou à l'humiliation d'un impôt confessionnel comme aux pires temps des dhimmis. Déjà des milliers de familles ainsi menacées ont choisi l'exil, après des dizaines de milliers forcées à quitter l'Irak depuis la fin de Saddam Hussein, qui protégeait les minorités pour mieux régner. L'Irak n'a pas le monopole des discriminations et persécutions : les coptes vivent sous la menace de pogroms en Egypte et la communauté chrétienne palestinienne s'est exilée.
Ainsi se dessine un Moyen-Orient d’obédience strictement musulmane niant la diversité de son histoire. De même que le départ des juifs a appauvri et flétri les pays arabes, la disparition des chrétiens amputera toute une région qui plus que jamais doit sortir de son autisme et absolutisme religieux. Les chrétiens qui furent aux avant-postes du nationalisme arab