Les chars israéliens ne se distinguent plus que par la poussière qui tourbillonne dans leur sillage. Ils sont là-bas, à un kilomètre du nord de Gaza, derrière la muraille grise qui marque la frontière. Des jeunes Palestiniens les observent, debout sur un talus de terre. «Ils étaient encore ici hier soir. Maintenant, ils nous surveillent avec ça» , dit l'un d'eux en pointant un mirador. Les drones, qui bourdonnent tels des scooters mal réglés, restent invisibles. Les jeunes redescendent en silence du talus. Ils croisent un groupe d'enfants qui traînent des sacs kakis remplis de boîtes de conserve. «Ce sont les Israéliens qui les ont oubliés. Regarde, il y a même des cigarettes !» s'esclaffe un gamin. A Beit Hanoun, dans le nord-est de Gaza, il semble être le seul à rire.
L'annonce, plus tôt dans la matinée, du retrait des forces israéliennes, d'un cessez-le-feu de trois jours et de l'ouverture de négociations au Caire n'a pas provoqué de manifestations de joie. A la différence de la guerre de novembre 2012 (l'opération «Pilier de défense»), achevée en une semaine, il n'y a pas de rassemblements spontanés, pas de défilés de combattants cagoulés de noir des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ou du Jihad islamique, pas de cris de victoire. Dans le centre-ville, quelques habitants courbés dans la poussière fouillent les décombres d'immeubles écroulés et récupèrent planches de bois, tuyaux en plastique et morceaux de ferraille. D'autr