C'était là que les amoureux se retrouvaient, dans l'ivresse des premiers rendez-vous. Et par là que les provinciaux, toujours méthodiques, voulaient commencer leur visite de la capitale : en effet, à la Puerta del Sol, une dalle scellée par terre indique le kilomètre zéro de tous les chemins d'Espagne. Mais ce lieu fut aussi, pendant plus d'un siècle, un lieu de protestations, de libertés, de massacres. Par exemple, une foule investit cette place et les rues d'Alcalá et de l'Arenal lors d'un 2 mai historique, celui de 1808, sous l'occupation des troupes de Napoléon. Il y avait «20 000 rebelles», écrit ce jour-là le général Murat à son beau-frère et détaille les graves incidents survenus quand les Madrilènes résistent à la charge des Mamelouks de l'armée française. Un épisode rapporté aussi par un autre témoin oculaire, le peintre d'une des œuvres les plus célèbres du musée du Prado, Dos de Mayo («le 2 mai», en espagnol), qui habitait alors une maison donnant sur cette place. Ce tableau de Francisco de Goya a pour les Espagnols une valeur sentimentale semblable à celle que peut avoir pour les Français le tableau peint par Delacroix en 1830, la Liberté guidant le peuple (est-ce Marianne ?). Mais la République se fit attendre en Espagne, et fit par deux fois une brève apparition : dix-huit mois en 1873 et à peine huit années entre 1931 et 1939. Il n'y a pas de peinture comparable à celle de Goya, mais des photos très émouvantes de la Puerta del Sol pl
Places au peuple (3/15)
Puerta del Sol, le premier rendez-vous des Indignés
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Des milliers de manifestants (les indignés)réunis sur la place Puerta del Sol à Madrid le 15 octobre 2011. (Photo: Susana Vera.Reuters)
publié le 6 août 2014 à 18h06