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Libération
Places au peuple (4/15)

A Paris, la Commune en liesse

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De Tahrir en 2011 à Tiananmen en 1989, en passant par l’Hôtel de Ville au temps de la Commune, Libération raconte, durant trois semaines, ces lieux devenus symboles, où les citoyens ont défié les autorités au nom de la démocratie et des libertés individuelles. Aujourd’hui La place de l’Hôtel de Ville à Paris.
Place de l'Hôtel de Ville, à Paris, en 2004. (Photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 7 août 2014 à 18h06

En janvier 2011, on a comparé les manifestants de la place Tahrir au Caire aux communards. On a même parlé de la «Commune de Tahrir». S’agissant de Commune et de places, ou plus précisément de choisir parmi les places parisiennes la plus emblématique de la Commune, on peut avoir un moment d’hésitation. L’argument en faveur de la place Vendôme, c’est la grande fête du 16 mai 1871, la mise à bas de la colonne. Elle a été abondamment photographiée, le sujet s’y prêtait : le peuple victorieux autour du tyran gisant sur le sol, les gardes nationaux en armes sur le socle et, autour d’eux, des cantinières, des ouvriers, des bourgeois. Les shakos se mêlent aux casquettes, aux hauts-de-forme, aux bérets des marins, aux chapeaux de paille des enfants. Au deuxième rang de la foule, un barbu coiffé d’un bonnet : c’est Courbet, l’instigateur, le «déboulonneur» qui paiera cher ce moment de bonheur. Sur d’autres photos moins posées, les groupes sont soudés, des mains se serrent, des bras se lèvent, on entendrait presque les cris de joie.

Mais ce jour-là déjà, les nuages s'amoncellent (au figuré : il a fait beau pendant tout le mois de mai). Les Versaillais ont pris les forts d'Issy et de Vanves, le conseil général se déchire entre autoritaires et libertaires, parmi lesquels Courbet et Vallès. «Nous sauverons la patrie, dit le grand Delescluze, mais peut-être derrière les barricades.» Il voit juste, la semaine sanglante est proche.

Si bien que pour évoquer la