Près de quarante ans après que les Khmers rouges eurent saisi le pouvoir au Cambodge et transformé le pays en un vaste camp de travail, au prix d’1,7 million de morts, deux des principaux responsables du régime ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, au grand soulagement de nombreuses victimes qui étaient venues assister au procès, dans la périphérie de Phnom Penh. «Maintenant, je peux honorer la mémoire de toute ma famille, de mes parents, de mon mari et de mon fils qui sont morts sous les Khmers rouges», a réagi Féniés Phanbarasar après l’énoncé du verdict. Cette femme a perdu 54 membres de sa famille entre avril 1975 et décembre 1978, lorsqu’une invasion vietnamienne a renversé le gouvernement Khmer rouge.
Nuon Chea, 88 ans, idéologue et ancien numéro 2 du régime, et l’ex-chef d’Etat Khieu Samphân, 83 ans, avaient tous deux nié les accusations de crimes contre l’humanité à leur encontre. Khieu Samphân, qui avait étudié le droit et l’économie à Montpellier et Paris dans les années 50, a reconnu durant les audiences que des massacres avaient bien eu lieu sous les Khmers rouges, mais avait rejeté toute responsabilité en affirmant qu’il n’était qu’un homme de paille et ne détenait aucun pouvoir réel.
Finalement, les juges ont estimé que «Nuon Chea et Khieu Samphân ont participé à une entreprise criminelle conjointe pour réaliser l'objectif commun d'appliquer une révolution socialiste rapide au travers d'un "grand bond en avant