Camouflés dans un appartement anonyme de la banlieue de la ville chinoise de Yanji, onze évadés nord-coréens attendaient depuis trois longues semaines leur délivrance. Ils mémorisaient des bribes de phrases en chinois et se préparaient au périple routier de 5 000 kilomètres qui, depuis cette région frontalière de la Corée du Nord, les mènerait hors de Chine. Cinq adultes et six enfants - le plus jeune âgé de 15 ans - devaient franchir successivement, par de multiples détours, les frontières sino-vietnamienne, puis laotienne et cambodgienne. Enfin, les fugitifs se seraient vu remettre le sauf-conduit qui leur aurait permis de se rendre par avion jusqu'à Séoul. L'opération clandestine, financée par un groupe de protestants sud-coréens, avait été planifiée dans ses moindres détails. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, une rafle de la police chinoise a toutefois mis brutalement un terme à leurs rêves de liberté. «Une dénonciation sans doute, mais on ne saura jamais vraiment d'où ça vient. Le taux de réussite de ce genre d'évasion est assez mince… Il faut s'y faire», déplore le discret chaperon chargé d'organiser cette cavale avortée.
Appelons ce passeur expérimenté monsieur Lee. Qu'arrivera-t-il à ses onze protégés détenus ? «La police chinoise les interrogera sans doute pendant deux ou trois jours, avant de les remettre aux autorités nord-coréennes, qui les feront parler… Elles découvriront probablement qu'ils avaient l'intention de rejoindre la Corée du Sud et, du fa