«Ce sont tous des menteurs, nous n'avons plus confiance», maugrée Tilla Orne-Katz. Lorsqu'un cessez-le-feu a été annoncé mercredi, cette veuve d'un professeur de mathématiques et joueuse de bridge invétérée de la banlieue sud d'Ashkelon a cru que la guerre était gagnée. Que les chars de l'armée israélienne, qu'elle vénère, réintégreraient leurs bases et que le Hamas se contenterait de panser ses plaies, au moins pendant quelques mois. Elle se trompait.
Les roquettes ont recommencé à tomber moins de soixante-douze heures plus tard et l'armée israélienne a repris ses raids aériens meurtriers sur la bande de Gaza. «Et on est là, comme des cruches, à se demander ce qu'on doit faire, fulmine la veuve. Est-ce que l'opération "Bordure protectrice" est terminée ? Est-ce qu'on peut de nouveau sortir en ville sans danger ? Et qu'est-ce qu'il veut, Benyamin Nétanyahou, à la fin ?»
«Coquelicots». Peu après le début du cessez-le-feu, l'opinion israélienne respirait des relents de victoire. Sûr de lui, Benny Gantz, le chef de l'état-major de l'armée, s'était spécialement déplacé jusqu'à la «barrière de séparation» enserrant la bande de Gaza pour apaiser les habitants du sud d'Israël. «Bientôt, les pluies d'automne feront retomber la poussière soulevée par les chars et les coquelicots fleuriront dans les champs», avait-il lancé dans une envolée lyrique correspondant mal à son style de vieux baroudeur à la peau tannée p