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Portrait

Erdogan tient sa revanche sur Atatürk

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En dépit des scandales et de la contestation de rue, le Premier ministre turc islamo-conservateur a été élu à la présidence de la République laïque, au risque d’une dérive autocratique.
Un drapeau à l'effigie d'Erdogan, dans le ciel d'Istanbul, le 8 août 2014. (Photo AFP)
publié le 10 août 2014 à 19h56

Son charisme, c'est d'abord le verbe. Des discours enflammés où se mêlent les mots de la rue et ceux de la mosquée. Issu du peuple, ancien élève d'un imam hatip (lycée religieux destiné à former les imans), Recep Tayyip Erdogan a gardé la gouaille d'un gosse des faubourgs d'Istanbul. Il parle comme son peuple mais surtout il parle clair. «Le poste de président n'est pas fait pour se reposer. Le peuple veut voir un président qui s'active et qui transpire», a martelé tout au long de sa campagne le leader de l'AKP, convaincu de remporter dès le premier tour cette première élection présidentielle au suffrage universel direct qui se tenait dimanche. Scrutin qu'il a remporté dès le premier tour dimanche soir avec 52% des voix. Ses ambitions sont clairement affichées : «Le système présidentiel est en vigueur dans la plupart des grands pays développés et nous devons changer notre système politique.» L'objectif est l'instauration d'une république présidentielle à l'américaine ou semi-présidentielle à la française.

Dans l'immédiat, faute d'une majorité suffisante à la Chambre pour changer la Constitution ou même pour convoquer un référendum, il va élargir au maximum les prérogatives dont dispose déjà le chef de l'Etat. «Le président peut, selon la Constitution, diriger les réunions du gouvernement