Ce texte a été écrit avant les événements au cours desquels les dirigeants de deux peuples, ceux du Hamas et ceux d’Israël, se sont apparemment livrés à des crimes de guerre effrayants contre des populations civiles. Toute tentative de dissimuler la responsabilité d’une des deux parties serait un mensonge politique et intellectuel. Le calme de la place Rabin, tout comme la notion de calme en Israël, est une chose éminemment volatile. Aujourd’hui, pour obtenir ne fût-ce qu’une apparence de calme sur cette place, il faut mobiliser des dizaines de policiers. Ce fut le cas au cours de la grande manifestation du 26 juillet où deux enclos entourés de barrières contenaient les manifestants de droite et ceux de gauche. Les manifestants de droite qui tentaient d’escalader les barrières pour se bagarrer avec ceux de gauche étaient aussitôt arrêtés par la police. Tel est le visage sombre de la rue israélienne en ce moment. Et, par-delà le désespoir et le mutisme qui nous accable, les partisans de la paix dont je fais partie sont pris entre les tenailles du Hamas qui nous menace de l’extérieur et les forces antidémocratiques israéliennes qui sont comme un Hamas intérieur.
Il y a quelques mois, dans l'autobus qui passait devant la place Rabin à Tel-Aviv, deux adolescentes d'environ 16 ans étaient assises devant moi. Branchées à leur smartphone, des mèches dorées dans les cheveux, des corsages bleu et rose fluo au-dessus du nombril, elles ont regardé d'un air pensif la place avec sa grande