A quelques mois du départ de l'Otan d'Afghanistan, Amnesty International a recueilli de nombreux témoignages de victimes de la guerre, dans un rapport intitulé «Laissés dans l'ignorance» (Left in the dark). C'est l'une des premières fois que la population afghane est directement appelée à témoigner sur les méthodes des forces américaines. À la connaissance d'Amnesty International, depuis 2009 seules six affaires ont donné lieu à des procès de militaires américains. La plus grave est celle du sergent américain Robert Bales, condamné à la prison à vie pour avoir tué seize civils en 2012.
Amnesty fait état des meurtres de milliers de civils afghans, sans que les Etats-Unis n'aient été poursuivis ou n'aient donné de compensations aux familles. L'organisation a interrogé 125 témoins, des victimes et leurs proches, qui pour la plupart n'avaient jamais témoigné auparavant. Parmi eux, Abdul Manan a perdu ses quatre oncles, son frère et son cousin, tués par des frappes menées par un drone en décembre 2012, dans le Nuristan. «Les drones avaient envahi le paysage», explique-t-il à Amnesty, «je pouvais en croiser quatre à cinq par jour». Il parle de ces événements avec douleur et amertume. «Ce qui est