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Avenue Bourguiba, la conquête du droit de manifester

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De Tahrir en 2011 à Tiananmen en 1989 en passant par l’Hôtel de Ville au temps de la Commune, Libération raconte, durant trois semaines, ces lieux devenus symboles, où les citoyens ont défié les autorités au nom de la démocratie et des libertés individuelles. Aujourd’hui : l’avenue Bourguiba à Tunis.
Manifestation anti-gouvernement sur l'avenue Bouguiba, à Tunis, le 26 juillet 2013. (Photo : FETHI BELAID.AFP)
par Kmar Bendana, Historienne
publié le 13 août 2014 à 18h06

Les étourneaux et les ficus de l'avenue Bourguiba sont depuis longtemps les invariants de l'imagerie de cette artère tunisoise construite pour l'essentiel entre 1850 et 1930 et «rénovée» en 2001. Elle porte le nom de Bourguiba depuis 1956, en remplacement de celui de Jules Ferry, donné sous le protectorat à la promenade de la Marine du XIXe siècle, un terrain sablonneux ouvrant sur la Méditerranée.

L’avenue a conservé de sa centralité construite en période coloniale un dynamisme commercial et touristique. Elle a connu les manifestations d’avril 1938, organisées en face de la Résidence générale de France, pour réclamer l’indépendance et un Parlement tunisien. A force d’être officiel, le souvenir de ces journées protestataires du temps de la colonisation avait bien pâli. Depuis 2011, l’avenue se revivifie.

Une consécration de fait

Que l’on croie à l’enchaînement des causes ou à la contingence, à une dynamique de la mobilisation ou à une action spontanée, à un crescendo non maîtrisé ou à une mise en scène surveillée, l’avenue Bourguiba est désormais le lieu mythique de la «révolution tunisienne». L’immeuble emblématique du ministère de l’Intérieur était bel et bien visé par les milliers de Tunisiens et Tunisiennes qui ont déferlé le 14 janvier 2011.

La veille, en plein couvre-feu, des groupes ont été envoyés pour festoyer face au théâtre municipal. Le pouvoir, encore inconscient de ses fissures, espérait orchestrer là, comme en d’aut