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Interview

Constantin Sigov «L’agresseur russe cherche n’importe quel prétexte pour agresser plus encore»

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Pour l’universitaire ukrainien Constantin Sigov, la priorité doit être de défendre la frontière :
publié le 13 août 2014 à 19h26

Constantin Sigov est professeur de philosophie à l’Académie Mohyla de Kiev. Selon lui, la soi-disant aide humanitaire russe acheminée vers l’Ukraine est plutôt un moyen d’entretenir la guerre.

L’Ukraine peut-elle reconquérir son territoire sans provoquer une invasion russe ?

Nous n’avons pas le choix. Il faut libérer les villes et villages tenus par les séparatistes, pour y ramener non seulement la paix mais les services de base. Lougansk est sans eau, ni électricité, ni téléphone depuis onze jours. La seule façon d’arrêter les manœuvres déstabilisatrices du Kremlin est d’y opposer des moyens militaires adéquats. La seule façon de faire reculer Poutine, c’est le rapport de forces. Ceci dit, nous sommes face à un revanchisme aveugle, qui cherche à canaliser l’énorme mécontentement social en Russie. Nous ne sommes pas dans un jeu d’échec où la réponse de l’adversaire est plus ou moins symétrique. Notre agresseur cherche n’importe quel prétexte pour agresser plus encore. Dans cette logique, il serait absurde de se laisser intimider et de ne répondre qu’à moitié.

Et si la menace russe d’invasion n’était qu’un bluff ?

Poutine n’a certainement pas intérêt à envahir ouvertement son voisin, ce serait une provocation internationale trop énorme. Je pense qu’il va plutôt continuer à jouer sur les deux tableaux : maintenir une présence militaire forte à la frontière et poursuivre les infiltrations d’agents déstabilisateurs. C’est un autre type de guerre, non linéaire.

Le conflit va donc durer tant que l’Ukraine ne contrôlera pas sa frontière ?

Il est urgent et essentiel de réussir à défendre cette frontière, mais cela va exiger de très gros investissements. Les Occidentaux pourraient d'ailleurs nous