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Libération
Reportage

En Crimée, «bon gré mal gré, tout le monde finira russe»

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Cinq mois après son rattachement à la Russie, la «naturalisation» accélérée de la région divise la population.
Des Tatars de Crime à leur arrivée à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine. (AFP)
publié le 15 août 2014 à 19h06
(mis à jour le 15 août 2014 à 20h11)

«La Crimée et Sébastopol sont rentrés au port.» Cette citation du président russe, Vladimir Poutine, est affichée sur d'imposants panneaux publicitaires à chaque coin de rue de Simferopol, la capitale de la Crimée. Des drapeaux russes flottent sur les bâtiments administratifs, décorent quelques balcons. Au cours des deux premiers mois qui ont suivi le rattachement, plus de 80% des Criméens ont obtenu un passeport russe. Les automobilistes se bousculent pour changer les plaques d'immatriculation. Si les tickets de caisse, dans la plupart des supermarchés, sont encore en grivnas, tous les prix sont désormais affichés en roubles, et la monnaie ukrainienne a totalement disparu de la circulation. Le processus de «naturalisation» de la Crimée, devenue 85e sujet de la Fédération de Russie, bat son plein.

Russophone, la péninsule est densément peuplée de Russes, de naissance ou de nationalité, qui ne se sont jamais considérés comme des Ukrainiens. La majorité d'entre eux (ils représentent 60% de la population) ont sincèrement souhaité le rattachement au puissant voisin, même si le résultat officiel du référendum du 16 mars - 96,7% de «oui» - est douteux. «Pour moi, l'annexion de la Crimée a eu lieu en 1991, quand la péninsule est passée à l'Ukraine», explique Larissa Moïsseeva, une Simferopolienne de souche, d'origine russe. Cette employée d'une agence de pub, mère de deux enfants, est intarissable sur le bonheur qu'elle éprouve à être «rentr