Il est le seul à maintenir le dialogue et à témoigner des exactions. Pour éviter les bombes, il a été évacué deux fois, en urgence. Et son collègue préféré s'est retrouvé otage des séparatistes. «C'est dur, admet Vincent Godbillon, un observateur français de 46 ans. Nous avons dû nous replier plus au nord sur la ville de Starobilsk, car Lougansk est devenu trop dangereux. Depuis trois semaines, nous travaillons dans un hôtel poussiéreux, à la connexion internet hasardeuse.»
Envoyé en Ukraine par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), il a intégré l’une des dix équipes déployées dans tout le pays, à partir du 21 mars, date à laquelle la Russie et l’Ukraine ont accepté que cette structure, neutre et indépendante, vienne mettre son grain de sel, avec 263 observateurs issus de plus de 40 pays, dans un conflit frontalier et politique qui couvait depuis dix ans. De nouveau, cette organisation se retrouve au centre de toutes les attentions.
On la disait mal en point. Incapable de prévenir les conflits armés dans les Balkans et en Asie centrale. Tout juste bonne à observer des élections. Histoire de faire quelques économies, le Canada voulait même la quitter. La crise ukrainienne vient rappeler l’utilité de ce bébé de la guerre froide, créé grâce aux accords d’Helsinki en 1975 pour résoudre les conflits Est-Ouest. Impartiale, l’OSCE ne jouit même pas du statut d’organisation internationale, mais compte, de Vancouver à Vladivosto