«Cher et brave Compagnon,
«En guise d'exil, les Anglais et leurs affidés, les Bourbons, m'ont donné une île en forme d'os… Je vais le ronger pour en extraire la moelle. Mon empire a rétréci (224 km2), mais il est sous le même soleil que ma chère Corse. Tout est à faire dans ce morceau de Toscane. La carte de l'île publiée par Tardieu et Denesle, quai des Grands-Augustins, est imprécise, on peut faire mieux. Enfin en paix, je compte montrer aux monarques d'Europe ce qu'un Bonaparte retrouvé sait faire.
«J’ai troqué mes aigles belliqueux pour des abeilles industrieuses. Les princes d’hier ont négligé leurs territoires. Ils m’ont condamné au blocus insulaire, ma réponse sera des actes : une bonne carte, d’abord, pour dresser l’état des lieux, ensuite mon petit domaine sera tout de chantiers… Des routes, des ponts, des mines, des salines, des champs de blé, des oliveraies, des vignes et des châtaigneraies comme en Corse. Elbe sera un modèle pour d’autres contrées méditerranéennes. L’administration à la française est loin du laisser-aller des princes anciens ou rétablis. Comme la guerre, l’art de ménager un territoire est affaire de décision et d’exécution.
«Lors de mes promenades sur la côte et dans les collines, j'observe, je compare avec ce que je lis, tard dans la nuit, dans des livres de géographie, puis je décide ce qui sera réalisé ici ou là. En Italie on appelle cela des bonificacione. J'ai retrouvé ici un vrai jacobin, Pons de l'Hérault. L'homme n'est pa