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Libération
PLACES AU PEUPLE (9/15)

Place de la Perle à l’exemple de Tahrir

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De Tahrir en 2011 à Tiananmen en 1989 en passant par l’Hôtel de Ville au temps de la Commune, Libération raconte, durant trois semaines, ces lieux devenus symboles, où les citoyens ont défié les autorités au nom de la démocratie et des libertés individuelles. Aujourd’hui : la place de la Perle à Bahreïn.
Place de la perle, à Bahreïn, le 16 mars 2011. (Photo : JOSEPH EID.AFP)
par Jean-Paul Burdy, Maître de conférences d’histoire à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Gremmo à Lyon
publié le 17 août 2014 à 18h06
Epicentre du «printemps de Manama», à Bahreïn, l’occupation de la place de la Perle a duré du 15 février au 16 mars 2011. Le 18 mars, les bulldozers détruisent le monument de la Perle qui, dès lors, a essaimé dans tout le royaume.

Début février 2011, de jeunes internautes et des clercs chiites appellent à soutenir la révolution égyptienne et à manifester pour la démocratisation du royaume. Le 14 février est choisi comme jour de colère : les manifestations sont réprimées dans le sang. Le lendemain, partis d’opposition, groupes de jeunes et grévistes viennent, à l’imitation de la place Tahrir au Caire, occuper la place de la Perle. Celle-ci est pourtant loin d’avoir le caractère de centralité de Tahrir. Le Pearl Roundabout est un large rond-point en contrebas d’une sortie du périphérique nord, permettant d’accéder au centre ancien de Manama. Au milieu de la pelouse, un monument d’une trentaine de mètres, inauguré en 1981, figure une perle (autrefois la richesse de l’archipel) portée par six sabres - ou six voiles de boutres -, représentant les six Etats du Conseil de coopération du Golfe. Pour le reste, l’environnement est ingrat : des palmiers étiques, des parkings et des entrepôts, un centre commercial, trois tours d’habitation. L’intérêt principal de la Perle, c’est surtout sa grande accessibilité à partir des villages et quartiers chiites des périphéries de Manama.

«Ni sunnite ni chiite - juste Bahreïni !»

Le golfe Persique n’a pas été épargné par les printemps arabes. Les monarques ont tenté d’acheter la paix sociale en ouvrant les vannes de la manne pétrolière : une politique du chéquier qui n’a rien calmé à Bahreïn. Dans ce royaume de 1,4 million d’habitants, d