Le Pharaon aura rarement connu autant de passage. Planté le long de l’axe menant à Rostov-sur-le-Don, cet hôtel-restaurant aux motifs égyptiens d’un kitsch délicieux se trouve à quelques minutes du «convoi humanitaire» russe. En retrait de la route menant à la frontière ukrainienne, derrière une végétation jaunie par une chaleur accablante, les 262 camions partis de Moscou sont à l’arrêt depuis jeudi.
Un campement a été installé pour les conducteurs. Vêtus de la même tenue beige, ils errent dans les localités alentour pour tromper leur ennui. «A leur manière, ces gars font marcher l'économie locale : les commerces, les taxis, les prostituées», s'amuse Sergueï, qui fait le taxi pour compléter son salaire d'employé d'hôpital. La sécurité a reçu la consigne d'interdire l'accès au convoi à quiconque souhaiterait s'en approcher.
Canicule. Le ministère des Situations d'urgence a déjà pris la parole, justifie-t-on. Vendredi, son représentant sur place avait présenté à des journalistes le contenu d'une dizaine de véhicules : bouteilles d'eau, rations alimentaires, lait. Accusé par Kiev et ses alliés d'invoquer le prétexte humanitaire pour pénétrer sur le sol ukrainien, Moscou a été contraint de montrer patte blanche.
Dans la foulée, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, avait assuré à son homologue américain qu'aucun personnel militaire ne se trouvait à bord des véhicules. Au centre de discussions opaques depuis une semaine, le