Elle est venue à la Greater Grace Church, avec ses trois petites filles, qui marchent à la queue leu leu le long de l’autoroute. Rachel Glenny porte une pancarte marquée
«No Justice no peace»
, et dit qu’elle est là
«pour les générations futures»
.
«Je veux que mes filles sachent ce qui se passe dans ce pays»
, lâche-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots,
«on peut se faire tuer pour sa couleur de peau. On peut perdre la vie parce qu’on est noir. Personne n’est à l’abri, il faut que tout le monde en soit conscient.»
Il étaient plusieurs centaines à se presser dimanche après midi à l'intérieur et à l'extérieur de cette église, dans le nord-est de Ferguson, pour rendre hommage à Michael Brown. Mais huit jours après la mort de l'adolescent noir, abattu par un policier blanc dans cette petite ville du Missouri, en périphérie de Saint-Louis, tous ceux qui s'étaient rassemblés exprimaient la même colère, le même désarroi. «Pourquoi ne sait-on toujours pas ce qui s'est passé ?» demande Jenna, qui n'a pas pu entrer et s'est approchée du camion de la station de radio locale pour écouter les intervenants à la tribune, «comment voulez-vous que les gens ne soient pas au bord de la crise de nerfs ?».
Dans l'église, Al Sharpton, le révérend de Brooklyn et figure historique des droits civiques, hausse très vite le ton. «C'est un moment déterminant dans l'histoire de ce pays, assure-t-il, il s'agit de définir quel est le rôle de la