Une histoire américaine ? A priori, le meurtre de Ferguson et les émeutes qui l’ont suivi nous ramènent aux maux éternels de la vie urbaine aux Etats-Unis. Une banlieue largement afro-américaine, un policier à la gâchette facile, une mort suspecte, un embrasement communautaire réprimé avec brutalité par des forces de l’ordre dénuées de toute expérience des débordements de rue. Plus de cinquante ans après les premiers succès du mouvement des droits civiques de Martin Luther King, six ans après l’élection d’un Noir à la présidence, malgré des décennies de lutte contre le racisme, l’exclusion urbaine et la discrimination, les mêmes causes produisent les mêmes effets dévastateurs. En dépit de tous ses efforts, l’Amérique ne parvient pas à surmonter ses tensions ethniques et sociales.
On dira qu’il s’agit d’un syndrome local, que le racisme perdure envers et contre tout au sein de la population américaine, que la victoire d’Obama, somme toute, fut symbolique, qu’une police dont les responsables peuvent être élus, reflète nécessairement les préjugés répandus dans la société. Bref, on imputera aux tares de la société américaine la flambée de violence de Ferguson.
Il y a pourtant une leçon plus générale à tirer de ces événements tragiques : la difficulté qu’éprouvent les démocraties d’aujourd’hui à faire cohabiter des minorités diverses et socialement inégales. Croit-on, par exemple, que les rapports entre la police française et les minorités qui composent la population hexagonale soi