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Libération
PLACES AU PEUPLE (10/15)

Plaça Catalunya, républicaine, franquiste, indépendante

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De Tahrir en 2011 à Tiananmen en 1989 en passant par l’Hôtel de Ville au temps de la Commune, Libération raconte, durant trois semaines, ces lieux devenus symboles, où les citoyens ont défié les autorités au nom de la démocratie et des libertés individuelles. Aujourd’hui : la place de Catalogne à Barcelone.
par Jean-Louis Tissier, Géographe
publié le 18 août 2014 à 18h06
Place en couleurs ou en noir et blanc ? Les actuelles, celles du drapeau catalan, du maillot du Barça, des clichés des cartes postales ou des photos touristiques, paraissent moins vives que celles, argentiques, des mois où Barcelone a vécu la version catalane de la guerre d’Espagne.

Le passant d’aujourd’hui y trouve les vols des pigeons, les fontaines jaillissantes, les statues de tous styles et, sur les hautes façades qui ceinturent la place, les enseignes des marques qui attestent que Barcelone est une métropole mondiale.

Si la place de la Catalogne dans l'Etat espagnol est un sujet bouillant, la plaça Catalunya est à Barcelone un lieu incontournable pour les habitants de la ville et les touristes. Le réseau du métro, les liaisons avec l'aéroport, les magasins et galeries commerciales composent ici un rendez-vous obligé. Les touristes y consultent les renseignements pratiques que dispense l'office dédié à leur séjour, ils se mitraillent devant les fontaines et jouent avec les pigeons, rejoignent les Ramblas après avoir descendu le Passeig de Gràcia orné par Gaudi… La plupart méconnaissent la charge symbolique et politique de ce quadrilatère. La place a la forme d'un trapèze de 10 hectares situé à l'articulation des deux tissus urbains de la ville. Au sud, l'ancien et dense lacis des rues et des constructions de la Barcelone médiévale qui a été le siège de la première autonomie catalane et de ses institutions. Au nord, l'Eixample, la vaste grille du plan de l'ingénieur Cerdà, qui, à partir de 1860, donne à la métropole l'espace de sa modernité citadine. Plaça Catalunya n'avait pas été initialement prévue par Cerdà, mais sa nécessité, liée aux échanges entre l'ancien et le moderne, à la circulation, à la sociabilité urbaine, s'impose à la fin du