Il aura fallu attendre 21h45 pour que la tension monte d'un cran. Soudain, une centaine de personnes ont descendu West Florissant Avenue, devenue le centre de toutes les manifestations après la mort de Michael Brown, le 9 août dernier, dans la ville de Ferguson, au Missouri. Un petit groupe d'hommes aux visages masqués est clairement venu pour en découdre avec la police, qui s'est positionnée pour bloquer la rue. Des bouteilles d'eau fusent, et d'un coup, plusieurs véhicules blindés s'avancent pour contrer les assaillants. Un homme repousse la presse. «Reculez, les provocateurs veulent se montrer à la télévision. Ce n'est bon pour personne. Ce n'est pas bon pour Ferguson. Ce n'est pas bon pour la justice.»
Très vite, à la surprise des forces de l'ordre, plusieurs leaders noirs s'interposent et se donnent la main pour faire barrage aux manifestants les plus excités. «Rentrez chez vous, dispersez vous, nous ne voulons pas de violence ce soir», hurle Malik Shabazz, le président de la Nation of Islam, dans un mégaphone. Le face-à-face va durer plus d'une demi-heure, mais la foule se calme peu à peu. A 22h20, le plus gros des manifestants s'est dispersé, sous les applaudissements. «Il faut que la communauté noire arrive à se raisonner elle-même et ne cède pas à tous les excès», plaide Larry Addison, l'un des pasteurs qui se sont interposés, «ce que nous voulons c'est savoir pourquoi un policier blanc a abattu un jeune Noir désarmé. Nous voulons compr