C'est une sorte d'inceste politique, comme la Thaïlande n'en avait pas vécu depuis des décennies. La nouvelle Assemblée nationale, entièrement nommée par la junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mai, a élu jeudi à l'unanimité le chef de cette junte, le général Prayuth Chan-ocha, comme Premier ministre du gouvernement provisoire. Le doigt sur la couture du pantalon, 191 des 194 députés présents, dont plus de la moitié sont des militaires d'active ou en retraite, ont plébiscité le général bougon. Le vice-président de l'Assemblée et deux autres députés se sont abstenus «par souci de neutralité».
Reformatage. Ce gouvernement provisoire dirigera le pays jusqu'aux élections, prévues, en principe, vers la fin de l'an prochain. Surtout, il supervisera le grand chantier de réforme politique lancée par la junte visant à instaurer une «pleine démocratie» , selon la vision des militaires. Car, l'élection de Prayuth à la tête du gouvernement, dont au moins un tiers des ministres seront des hommes en uniforme, témoigne clairement de ce que l'armée souhaite exercer un contrôle très étroit de la transition.
Lors des coups d’Etat précédents, en 1991 et en 2006, les juntes en place avaient préféré instaurer des gouvernements civils dirigés par des technocrates ou des militaires à la retraite, sans doute pour ne pas trop affecter l’image internationale du pays. Fi de ces simagrées pour le général Prayuth et ses lieutenants !