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Libération
Reportage

A Kirkouk, les Turkmènes pris entre deux feux

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Face à l’avancée de l’Etat islamique, ces turcophones qui refusent de quitter l’Irak ne peuvent se tourner que vers les Kurdes.
Des Irakiens arrivent à Kirkouk pour y trouver refuge, le 7 août. (Photo Marwan Ibrahim. AFP)
publié le 22 août 2014 à 18h36

Ici, pas de bâtiments vaniteux comme à Erbil, la capitale du Kurdistan, distante de 100 kilomètres au nord, mais des espaces tristes sous un long crépuscule de soufre. A Kirkouk, le parpaing nu des maisons à deux étages est roi et l’attentat à la voiture piégée une marque déposée. Deux explosions la semaine dernière, dont une devant un modeste restaurant, des victimes mais pas de morts. Le plus sanglant a eu lieu mi-juillet dans le quartier 90, contre une mosquée turkmène chiite en construction : 9 morts, 25 blessés. Bagdad est à trois heures par l’autoroute, mais celle-ci est coupée par la ligne de front tenue par les peshmergas, les combattants kurdes qui contiennent les forces jihadistes le long du canal de Bachir, à 25 kilomètres de Kirkouk, ville entièrement turkmène et vidée de sa population. Kirkouk est à la fois multiethnique (Kurdes, Arabes, Turkmènes) et multiconfessionnelle (sunnites, chiites, chrétiens, zaydites).

Il faut se perdre dans un labyrinthe de bureaux, dans une cité administrative protégée des attaques suicides par des chicanes en béton, et franchir cinq postes de contrôle sous l'autorité d'un officier de police irakienne lourd et gras. L'armée kurde, elle, tient en ville les check-points. Les mains diaphanes, le regard bleu métallique, Majid Izat est l'un des neuf représentants de la minorité turkmène chiite (turcophone) au conseil préfectoral de Kirkouk. A 73 ans, ce chargé de l'éducation au conseil se dit «désespéré» par la situation des Turk