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grand angle

Riches orishas de Caracas

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Au Venezuela, la santeria, qui mêle racines chrétiennes et africaines, séduit de plus en plus pauvres et nantis. Et permet à certains, prêtres ou commerçants, de s’en mettre plein les poches.
publié le 24 août 2014 à 18h06

Illuminés par le soleil caribéen, des dizaines de milliers de santos («saints») intégralement vêtus de blanc resplendissent dans les rues de Caracas, la capitale du Venezuela. «C'est l'invasion», assure en riant Alexander Gonzales, un chauffeur de taxi qui vient de se convertir à la santeria. Comme tous les lyawos (nouveaux disciples) de ce culte afrocubain, le trentenaire doit porter un vêtement immaculé, en signe de pureté, durant toute une année.

A l’intérieur de sa vieille Cadillac, toutes sortes de grigris, colliers de pâtes multicolores ou objets en forme d’escargot, histoire de se protéger contre un accident. Lorsqu’il sort de sa voiture, beau comme un prince arabe dans son costume de lyawo, Alexander semble activer tout un réseau de santos (les disciples confirmés). Ceux-là ne sont reconnaissables qu’au petit bracelet jaune et vert qu’ils portent à leur poignet gauche. Ici un vendeur ambulant, là un policier ou encore un avocat, tous lui font un signe de tête entendu, accompagné d’une main sur le cœur. La communauté des santos, en plein développement au Venezuela, est visiblement très soudée.

Chávez serait devenu santo en 1993

La santeria vénézuélienne - équivalent du candomblé brésilien - est apparue en Amérique latine en même temps que l'esclavage. Les esclaves (de culture yoruba, originaires de la région du Nigeria actuel) n'avaient pas le droit de pratiquer leur religion. Pour exercer en cachette leurs rites divinatoires et sacrificiels, ils ont fusionné leurs