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TRIBUNE

Ferguson, le social plombé par le racisme

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par Mugambi Jouet, Essayiste et avocat
publié le 25 août 2014 à 18h06

Le malaise de la société étasunienne suite à la mort de Michael Brown - jeune Noir non armé tué par un policier de Ferguson au Missouri - mène l’Amérique à s’interroger sur les injustices provoquées par la discrimination raciale. Le débat se focalise cependant sur la cause des heurts à Ferguson en éclipsant une question-clé. Les divisions raciales accentuent les inégalités affectant la plupart des Américains, qu’ils soient noirs, blancs ou d’autres origines, car elles entravent la solidarité sociale. L’idée fausse que les pauvres et les criminels sont simplement «les Noirs» ou «les minorités» influence une multitude de problèmes sociaux, dont la violence policière, la surpopulation carcérale et les fortes inégalités économiques.

Bien que le profil stéréotypé du prisonnier américain soit celui d'un Noir ou Latino, un tiers d'entre eux sont blancs (1). Par ailleurs, 43% des condamnés à mort sont blancs. Il ne s'agit donc pas d'une proportion insignifiante. La population carcérale n'est que la partie visible de l'iceberg car la discrimination raciale existe à chaque stade de la procédure pénale. Comme l'explique la juriste Michelle Alexander dans son ouvrage The New Jim Crow, les Noirs sont plus communément arrêtés, condamnés et durement châtiés que les Blancs pour les mêmes crimes et délits.

La notion selon laquelle les criminels sont les minorités contribue aux délits de faciès et abus de violence policière, comme cela aurait pu être le cas dans la mort de B