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Libération
Enquête

Les indics palestiniens, l’autre arsenal d’Israël

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Le contre-espionnage du Hamas ne débusque que rarement les vrais informateurs des renseignements israéliens, souvent haut placés.
Une centaine de personnes assistent, vendredi, à l'exécution publique de plusieurs "collaborateurs" palestiniens. (Photo Reuters)
publié le 25 août 2014 à 19h06

S'il portait un costume, Abou Ibrahim pourrait facilement passer pour un commerçant prospère. Mais son visage parsemé de touffes de poils grisonnants, sa chemise en nylon mal boutonnée sur son ventre proéminent et ses doigts teintés de nicotine lui donnent l'air de ce qu'il est : un paumé aux abois. «Vous vous attendiez à rencontrer James Bond, hein ? lâche-t-il. Eh bien non, mon ami. Et la plupart des autres "jassous" [expression palestinienne employée pour désigner les informateurs d'Israël, ndlr] sont comme moi. Ce sont des gens de la rue qui ont été jusqu'au bout et en payent le prix.»

Originaire de Rafah (sud de la bande de Gaza), ce père de famille quinquagénaire a longtemps travaillé pour le Shabak (les services de sécurité intérieure de l'Etat hébreu). Il a été exfiltré en Israël peu avant le début de l'opération «Plomb durci» de 2008. La rumeur affirme qu'il aurait espionné des cadres du Jihad islamique éliminés par la suite. Lui se contente de lâcher qu'il a «aidé à combattre le terrorisme». Pour de l'argent ? Pas de réponse. Depuis cinq ans, «l'ex-collabo» vivote dans une ville arabe de la grande banlieue de Tel-Aviv. Il bénéficie d'une petite pension ainsi que du statut de «résident permanent» dans l'Etat hébreu. Ses voisins, qui subodorent son passé, le méprisent ouvertement. Autant que ses enfants, dont certains ont sombré dans la délinquance.

S'il avait poursuivi sa «collaboration» et s'il avait été découvert ces derniers jour