Sur le bureau du notaire Joseph Béchara, trônent un petit drapeau libanais, deux codes civils Dalloz - l’un en français, l’autre en arabe - et un discret bouquet de fleurs blanches. Houssam et Ensaf se tiennent de l’autre côté de la table, entourés de leurs témoins. Houssam porte un costume bleu marine et une cravate assortie, Ensaf, coquette, a choisi une robe noire et blanche toute simple. Ils ont préféré une cérémonie intime, sans leur famille et la plupart de leurs amis. Le notaire rappelle solennellement les fondements juridiques du mariage civil au Liban, puis égrène les articles 212 à 215 du code civil.
Au moment d'échanger les consentements, Houssam lance une boutade. «Est-ce que je peux encore réfléchir ?» déclenchant un fou rire général, avant de lâcher un «oui» sans équivoque. «Au nom de la loi, je vous déclare unis par le mariage», sourit Joseph Béchara. Houssam embrasse pudiquement sa femme sur la joue, sous une salve d'applaudissements. Les amoureux passent leurs alliances de la main droite à la main gauche, signe, selon la tradition libanaise, qu'ils sont mariés. «Je ne me suis jamais senti aussi libre. Nous ouvrons la voie pour les futures générations», exulte Houssam.
L’union d’Ensaf et Houssam est une petite révolution. Il y a en encore un an et demi, leur seule option aurait été de convoler à l’étranger - probablement à Chypre -, comme des centaines d’autres couples libanais refusant un mariage religieux.
L’Etat libanais r