Menu
Libération
Grand angle

Armées pour le pacifisme

Article réservé aux abonnés
En 1947, le Japon renonçait «à jamais à la guerre». Un principe mis à mal par le Premier ministre conservateur qui veut faire de l’archipel une puissance militaire et réviser la Constitution. Les femmes contre-attaquent, textes à l’appui.
publié le 26 août 2014 à 18h06

Elle se tient dans un angle de la pièce, derrière une petite table de bois. En silence, elle annote un texte, comme une étudiante consciencieuse. L'apparence est trompeuse. Car cette discrète au visage rond cache une «colère». Le front perlé de sueur, Hiromi Yamada fustige le gouvernement pour «son manque de respect du peuple japonais, son manque d'écoute, ses actions pour limiter la liberté d'expression et faire courir le risque d'une guerre à ses enfants».

Derrière ses lunettes oblongues et noires, cette institutrice de Fujisawa s'amende, sourit, s'excuse de «mal formuler les choses et les idées», mais elle persiste : «Les étrangers pensent que les Japonais sont toujours zen et calmes. C'est vrai que l'on ne s'exprime pas publiquement, mais cette colère que l'on a en nous, il faut la dire.» Elle relit ses notes pour argumenter. Surtout, elle se félicite de son «apprentissage politique». Tout comme Yuko Asakura, une pianiste de ballet de Tokyo, qui vante la «Constitution comme la dernière forteresse qui protège les Japonais». Elles viennent deux heures durant de suivre la présentation de l'avocate Keiko Ota sur les chantiers idéologiques et sécuritaires dans lesquels s'est lancé le gouvernement de Shinzo Abe : levée de l'interdiction des ventes d'armes à l'étranger, vote de la très répressive loi sur la protection des secrets d'Etat, création d'un conseil de sécurité nationale…

Dans ces travaux menés à la hussarde, la refo