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Libération
Vu de Russie

Les ruses de Kaliningrad pour contourner l’embargo russe

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par Ana Janowczyk
publié le 26 août 2014 à 19h56

Les herbes aromatiques viennent de Pologne, les melons d’Espagne, les oranges de Grèce… Sur les étals de «Bon ville» (en français dans le texte), épicerie fine de Kaliningrad, les effets de l’embargo russe contre les produits européens ne sautent pas aux yeux. Depuis le 7 août, la Russie a interdit toute importation de denrées alimentaires de l’Union européenne, en réaction aux sanctions occidentales pour ses immixtions en Ukraine. Mais dans les supermarchés de l’oblast russe, enclavé entre la Pologne et la Lituanie, rien, si ce n’est quelques bouteilles de lait, ne semble manquer. Un paradoxe puisque la région importait jusqu’à présent 70% de ses produits laitiers, près de la moitié de ses fruits et légumes et 40% de sa volaille de ses voisins européens.

Artem, jeune marchand d'ambre croisé place de la Victoire, explique que ses compatriotes trouveront toujours un moyen de s'approvisionner en produits européens : «Si les pommes viennent de Pologne, il suffit de changer l'étiquette.» Comme souvent en Russie et peut-être plus encore à Kaliningrad, le sens de la débrouille est une seconde nature. L'économie parallèle pèserait pour 60% du PIB de l'oblast d'à peine 1 million d'habitants. En matière d'embargo, les Kaliningradois sont aussi bien expérimentés. Il y a peu, pommes et choux de Pologne s'étaient vu interdits d'importation pour raisons prétendument sanitaires. De 2005 à 2007, c'était la viande polonaise qui était bannie (punition infligée pour son entrée dans l'