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Interview

«L’Europe a tout de suite compris que le jeune homme bluffe»

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Pour le sociologue Luca Ricolfi, Renzi ne fait que «lancer des messages de changement» :
publié le 29 août 2014 à 18h06
(mis à jour le 29 août 2014 à 18h06)

Voix iconoclaste de la gauche réformiste italienne, le sociologue Luca Ricolfi, professeur à l’université de Turin, analyse les premiers mois au pouvoir de Matteo Renzi.

Matteo Renzi incarne-t-il vraiment une rupture ?

En ce qui concerne le style de gouvernement et sur le plan culturel, il n'y a aucun doute. Il y a encore six mois, il était impensable de discuter de certains thèmes en Italie, surtout à gauche. Quand un élu était visé par une enquête, il devait démissionner. Matteo Renzi, lui, n'a pas hésité à nommer dans son gouvernement plusieurs personnes inquiétées mais non condamnées par la justice, et l'opinion publique le lui pardonne. C'est une rupture. De même en ce qui concerne les syndicats. On peut désormais dire que la CGIL [la grande confédération syndicale du pays, ndlr] se trompe et que l'on peut faire des accords sans elle. Grâce à Renzi, la mobilité dans l'administration publique ou la réforme du code du travail peuvent aussi être discutées. Sous Berlusconi, nous aurions assisté à une indignation générale. Avec Matteo Renzi, ça passe. C'est un changement considérable et positif.

Quel est son bilan concret ?

Il a fait uniquement deux choses : distribuer 80 euros [sous forme de réduction d'impôts aux 10 millions de salariés les plus pauvres] et adopter un décret qui libéralise les contrats à durée déterminée. Le reste, ce n'est qu'annonces et poudre aux yeux. Le décret produira quelques effets positifs sur le marché du travail. En revanche, les 80 euros n'ont pas relancé la croissance. Ils lui ont uniquement servi à gagn