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Libération
Vu d'Allemagne

La livraison d’armes aux Kurdes d’Irak met Merkel en porte-à-faux

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publié le 31 août 2014 à 18h46

C'est aux yeux du gouvernement allemand une exception. Mais pour combien de temps… Angela Merkel doit présenter ce matin aux députés du Bundestag les détails de son - très impopulaire - plan de livraison d'armes aux Kurdes d'Irak engagés dans la lutte contre les jihadistes. Déjà l'armée allemande, la Bundeswehr, a livré 180 tonnes de vivres, médicaments et couvertures dans le nord de l'Irak. Selon le Spiegel, six soldats ont également été dépêchés pour préparer l'envoi d'armes de poing et de missiles légers antichar Milan, qui devront être demandés officiellement par le gouvernement irakien et ne pourront être remises aux séparatistes kurdes du PKK en Turquie.

Le pas franchi est important : c'est la première fois que la République fédérale brise le tabou qui interdit aux fabricants d'armes «made in Germany» d'approvisionner une région en crise. La seule exception concernait jusqu'à présent Israël, dont le droit à l'existence est pour l'Allemagne «une raison d'Etat». Défendre la position de son gouvernement au Bundestag n'était pas une obligation pour la chancelière (il ne doit être consulté que pour l'envoi de troupes à l'étranger), mais la décision prise fin août de livrer gracieusement aux peshmergas kurdes des armes prélevées sur le stock de la Bundeswehr, doublée d'un refus d'accueillir des réfugiés irakiens, se heurte à l'opposition des deux tiers de la population, majoritairement pacifiste.

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