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Libération
Reportage

«Les armes livrées actent la création d’un Etat kurde»

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Sur le barrage de Mossoul, d’où ils ont délogé les jihadistes de l’Etat islamique, les peshmergas se battent d’abord pour la naissance d’un Kurdistan.
publié le 1er septembre 2014 à 20h57

Des soldats tout neufs des forces spéciales du Kurdistan, équipés de matériel principalement américain, ont été disposés sous la réverbération du feu de midi et réclament la gloire sur le ruban de ciment du barrage de Mossoul. Ce dernier est perforé par endroits par les frappes américaines ouvrant des bouches béantes dans les fers à béton de cet ouvrage cyclopéen de 100 mètres de haut sur 3 kilomètres de long, repris le 18 août à l’Etat islamique (EI). L’opération de communication des forces kurdes en direction des médias internationaux est remarquablement orchestrée.

Masrour Barzani, 44 ans, l’un des fils du président du gouvernement régional du Kurdistan et responsable des opérations militaires de la région de Mossoul, donne à chaque journaliste dix minutes. Les questions fusent sur la vaillance des troupes kurdes, le saccage et la ruine laissés par l’Etat islamique, les positions de l’ennemi à six kilomètres, les frappes des avions que l’on entend au loin, les fumées qui montent par-delà les sommets pelés et les remerciements appuyés à l’Occident.

Masrour Barzani est debout sous 48°C. Jugulaire au menton, visage sorti de l'adolescence et un Dragunov à l'épaule, ce fusil de précision russe long comme une canne de pêche : «Je tire au fusil de sniper depuis l'âge de 14 ans, dit-il en tapotant la crosse. C'est une véritable passion.» Histoire de signifier que ce n'est pas la politique qui l'a conduit, par son lignage présidentiel, à poser pour la photo, mais