Alors que les heurts sanglants entre les forces de l'ordre chinoises et la population autochtone musulmane du Xinjiang se multiplient de manière alarmante, le pouvoir central a déployé ces dernières semaines des renforts de troupes et, pour la première fois, des drones pour combattre ceux qu'il qualifie de «séparatistes» et de «terroristes». Mais parallèlement à ces mesures sécuritaires, Pékin déroule un arsenal d'initiatives visant à accélérer sa politique d'assimilation des 10 millions de Ouïghours - peuple musulman turcophone vivant depuis plus de dix siècles dans cette région vaste comme trois fois la France.
Le district de Qiemo vient d'annoncer l'octroi d'une allocation d'un montant d'environ 1 250 euros annuels pendant cinq ans aux nouveaux époux de couples mixtes, si tant est que l'un d'eux est han (chinois de souche) et l'autre une «minorité ethnique». Cette prime, destinée officiellement à promouvoir «l'intégration culturelle», représente plus que le revenu annuel moyen de ce district. Les autorités locales s'engagent aussi à rembourser 90% des dépenses de santé de ces couples. Plus de soixante-cinq ans après la conquête du Xinjiang par les armées de Mao, la rareté des ménages mixtes sino-ouïghours est le fruit d'une mésentente croissante. Pour convaincre du contraire, la télé chinoise diffuse depuis cet été au Xinjiang un dessin animé en 104 épisodes sur une mythique princesse ouïghoure du XVIIIe siècle, Xiangfei («la