Si l’on fait sortir l’armée pakistanaise par la porte, il y a de grandes chances pour qu’elle revienne par la fenêtre. C’est sans doute ce qu’il faut en priorité retenir de la nouvelle crise qui déchire depuis trois semaines le pays. Elle oppose Imran Khan, ancien joueur de cricket converti en star populiste, et son acolyte, Tahir ul-Qadri, imam islamiste établi au Canada, à l’actuel Premier ministre Nawaz Sharif. Ce dernier, vieux routier de la politique, maintes fois accusé de corruption, est soupçonné d’avoir bénéficié de fraudes massives lors des élections de mai 2013 ayant porté sa Ligue musulmane (PML-N, avec un N comme Nawaz) à la tête d’un gouvernement majoritaire.
Les deux opposants exigent sa démission et mobilisent leurs partisans dans ce but. Samedi, des dizaines de milliers d’entre eux avaient marché sur la résidence officielle du Premier ministre, ce qui a provoqué des affrontements avec la police qui ont fait trois morts et des dizaines de blessés. Lundi, la crise a pris un tournant encore plus dramatique, lorsque les hommes de Tahir ul-Qadri et d'Imran Khan ont attaqué avec des gourdins la télévision d’Etat à Islamabad, interrompant la diffusion de la chaîne, avant d’être refoulés par l’armée.
Précisément, c’est vers cette armée que tous les regards se tournent. Personne au Pakistan ne peut imaginer qu’elle soit neutre. Mais ne se cache-t-elle pas aussi derrière les adversaires de Nawaz Sharif et ceux-ci ne sont-ils pas des pions dans son jeu?
Pourquoi l’armée est-elle hostile à Nawaz Sharif?
L'armée n'a jamais