Le sommet de l'Otan qui s'est ouvert jeudi au pays de Galles se focalise sur la question du soutien à l'Ukraine face à l'offensive russe. Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris, Camille Grand analyse l’impact de la crise en Ukraine sur l’organisation.
Alors que l’Otan se retire d’Afghanistan, la raison d’être de l’Alliance est-elle raffermie avec le conflit en Ukraine ?
Programmé depuis longtemps, ce sommet au pays de Galles devait être une réunion de transition. Après vingt ans d'engagement opérationnel pratiquement ininterrompu [dans les Balkans et en Afghanistan, ndlr], le sommet devait être centré sur les questions d'organisation interne. L'affaire ukrainienne est venu bousculer cet agenda un peu plat. Cette crise a un double effet. Elle ramène l'Otan à son rôle essentiel : la défense collective du territoire de l'Alliance. Et elle donne au sommet une tournure plus politique : les messages qui en sortiront seront adressés à Moscou.
Ces dernières années, les Etats-Unis avaient décidé de «pivoter» le gros de leurs forces d’Europe vers l’Asie. Cette évolution peut-elle être remise en question ?
C'est tout le paradoxe. L'Otan revient à sa mission première, mais le paysage stratégique global n'est pas fondamentalement modifié. Les Américains ne vont pas remettre en cause leur pivot vers l'Asie, leur retrait relatif de la gestion des crises dans le monde, ni la baisse de leur budget militaire. Au-delà des déclarations de principe, cette crise ne changera pas non plus radicalement les choses en termes budgétaires pour les Européens. Toute la difficulté, c'est de repenser dans un environnement dégradé la manière dont l'Otan agit avec des conditions qui ne sont pas celles de la guerre froide. Les Américains ne vont pas redé