La dénonciation d’une Otan enserrant toujours plus la Russie fut et reste l’un des grands marqueurs de la politique de Vladimir Poutine. Bien décidé à redonner à la Russie son rang après les humiliations des années Eltsine, l’homme fort du Kremlin a eu beau jeu de pourfendre les engagements non tenus des Occidentaux depuis la chute du Mur : tout d’abord l’incorporation de l’ex-RDA dans l’Otan avec la réunification, suivie de celle des démocraties populaires et même d’ex-Républiques soviétiques comme les pays baltes. Le fond fut atteint lors des guerres dans l’ex-Yougoslavie. Notamment pendant celle du Kosovo en 1999, quand Moscou ne put donner le soutien concret promis à Slobodan Milosevic et que ce dernier perdit cette province peuplée en majorité d’Albanais de souche, puis le pouvoir.
Toute la stratégie de Moscou sous Poutine a visé à laver ces affronts et à éviter une nouvelle extension de l’Alliance atlantique dans son «étranger proche», c’est-à-dire l’ex-espace soviétique où ne doivent exister que des Etats vassaux. C’est la politique menée notamment vis-à-vis de l’Ukraine. C’est une politique à la Gribouille, ce héros populaire qui se jette dans l’eau pour échapper à la pluie.
Les pressions du Kremlin l’automne dernier sur le président prorusse Ianoukovitch pour le contraindre à renoncer à l’accord d’association avec l’UE ont entraîné la révolte de Maidan à Kiev et la mise en place d’un pouvoir pro-européen qui a triomphé dans les urnes en mai. L’annexion de la Crimée et