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Billet

La politique de Gribouille de Poutine

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La stratégie qui vise à desserrer l'étau de l'Otan autour de la Russie pourrait se retourner contre elle.
Le président russe Vladimir Poutine, devant un canon exposé au Kremlin, le 31 juillet. (Photo Mikhail Klimentyev. AFP)
publié le 4 septembre 2014 à 13h41

La dénonciation d’une Otan enserrant toujours plus la Russie fut et reste l’un des grands marqueurs de la politique de Vladimir Poutine. Bien décidé à redonner à la Russie son rang après les humiliations des années Eltsine, l’homme fort du Kremlin a eu beau jeu de pourfendre les engagements non tenus des Occidentaux depuis la chute du Mur : tout d’abord l’incorporation de l’ex-RDA dans l’Otan avec la réunification, suivie de celle des démocraties populaires et même d’ex-Républiques soviétiques comme les pays baltes. Le fond fut atteint lors des guerres dans l’ex-Yougoslavie. Notamment pendant celle du Kosovo en 1999, quand Moscou ne put donner le soutien concret promis à Slobodan Milosevic et que ce dernier perdit cette province peuplée en majorité d’Albanais de souche, puis le pouvoir.

Toute la stratégie de Moscou sous Poutine a visé à laver ces affronts et à éviter une nouvelle extension de l’Alliance atlantique dans son «étranger proche», c’est-à-dire l’ex-espace soviétique où ne doivent exister que des Etats vassaux. C’est la politique menée notamment vis-à-vis de l’Ukraine. C’est une politique à la Gribouille, ce héros populaire qui se jette dans l’eau pour échapper à la pluie.

Les pressions du Kremlin l’automne dernier sur le président prorusse Ianoukovitch pour le contraindre à renoncer à l’accord d’association avec l’UE ont entraîné la révolte de Maidan à Kiev et la mise en place d’un pouvoir pro-européen qui a triomphé dans les urnes en mai. L’annexion de la Crimée et