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TRIBUNE

Le jihad de l’image: comment nous jouons le jeu de l’Etat islamique

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Image extraite d'une vidéo de propagande de l'Etat islamique d'Irak au Levant mise en ligne le 8 juin 2014. (Photo AFP)
par Asiem El Difraoui, Politologue, chercheur expert sur la propagande des actions islamistes
publié le 4 septembre 2014 à 17h06

«Ne trouvez-vous pas que les vidéos de propagande de l’Etat islamique sont d’une qualité nouvelle, un véritable travail de professionnels ?». Cette question m’est posée depuis plusieurs mois par des journalistes ou des politiques. Après les assassinats filmés des reporters américains James Foley et Steven Sotloff, la question de savoir si le jihadisme n’a pas atteint de nouveaux sommets de barbarie est venue s’y greffer. Malheureusement, en ce qui concerne la barbarie, et contrairement à ce que maintiennent certains «jihadologues» autoproclamés, la réponse est non. A-t-on déjà oublié l’égorgement, dans la même tunique orange, de Nicholas Berg en 2004 et les dizaines d’autres meurtres perpétrés en Irak dans la même période, ou encore l’assassinat du journaliste de Wall Street, Daniel Pearl, en 2003, alors même qu’il existe aujourd’hui un prix Daniel-Pearl pour les apprentis journalistes en France. Concernant la qualité et la professionnalisation, à l’Est comme à l’Ouest, «rien de nouveau», pour paraphraser Erich Maria Remarque, qui écrivait sur d’autres horreurs avec bien plus d’élégance.

Ce qui est neuf, en revanche, c’est le constant progrès technologique de la révolution du Web 2.0, avec ses réseaux sociaux dont les jihadistes font une pleine utilisation : l’immédiateté de l’information et des images, la multiplication des interventions jihadistes sur la Toile, la communication directe accrue entre eux et les sympathisants potentiels partout dans le monde, et donc évidemmen