«Ils ont mangé du lion.» Les mots utilisés à Vienne - siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) - par des sources occidentales pour qualifier l'état d'esprit des Iraniens témoignent d'un pessimisme croissant. Car malgré les sanctions qui étouffent son économie, Téhéran semble maintenant déterminé à échanger ses bons services en Irak contre une révision à la baisse des prétentions américaines concernant l'encadrement de son programme nucléaire. A la veille d'une reprise des négociations à New York, le régime s'estime conforté par l'avancée de l'Etat islamique (EI) et pense avoir là une carte nouvelle à jouer.
Les négociations en cours avec le 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), qui visent à garantir le caractère pacifique du programme nucléaire contre une levée des sanctions internationales, vont encore se compliquer jusqu'à la date butoir du 24 novembre. «Les Iraniens considèrent désormais qu'ils sont indispensables aux Américains», décrypte Matthieu Anquez, consultant au cabinet CEIS et spécialiste de l'Iran. Thierry Coville, un chercheur à l'Iris rentrant tout juste d'un séjour de trois semaines en Iran, note également qu'auprès de la population, les atrocités commises dans les pays voisins ont offert au régime une sorte de légitimité. «Le pays fait presque figure d'îlot de stabilité dans la région !» dit-il. Les mollahs ne manquent pas d'effrayer les Iraniens en affirmant que l'Etat isla