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Analyse

Récits d’otages, la chute d’un tabou

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Mehdi Nemmouche, parcours d'un jihadistedossier
Les personnes libérées avaient pour instruction de ne pas parler, sous peine de rétorsions contre ceux qui restent.
Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont été libérés en avril. (Photos AFP, Chris Huby, Haytham Pictures, Janine Haidar.)
publié le 7 septembre 2014 à 21h16

Juste avant la libération des quatre journalistes français, en avril, leurs geôliers - ce n’était plus alors les gardes-chiourmes français - ont fait sortir de la cellule l’un de leurs compagnons d’infortune et l’ont froidement assassiné. La victime était un jeune otage russe. Sans doute les responsables de l’Etat islamique en Irak et au Levant, devenu depuis l’Etat islamique (EI), savaient-ils qu’ils ne pouvaient guère espérer de Moscou le versement d’une rançon ou un échange de prisonniers. Mais ils ont donné une autre raison à cette exécution terrible, signifiée à peu près en ces termes aux quatre Français : interdiction absolue de parler de ce qui vous est arrivé et de vos conditions de détention. Si vous parlez, voilà ce qui attend les autres otages. En guise de cadeau d’adieu, l’un des jihadistes cassera ensuite l’un des doigts de la main de Didier François.

Les trois journalistes espagnols qui avaient été relâchés quelques semaines plus tôt avaient eu aussi pris soin de taire la situation dramatique qu’ils avaient connue, dans la crainte que leurs anciens compagnons de captivité soient victimes de représailles. Eux aussi avaient reçu comme ordre de leurs geôliers de n’avoir aucun contact avec des médias. Même aux familles des otages encore détenus qui venaient les voir, ils confiaient une version «douce», cachant soigneusement la situation dramatique que vivaient leurs proches.

Ordalies. Avec les «révélations» du Monde, c'est un dou