Si l’Egypte espérait peser sur la guerre que se livrent les milices en Libye en aidant à les bombarder, c’est raté. Trois semaines après les frappes aériennes de chasseurs des Emirats arabes unis, qui avaient bénéficié de la mise à disposition de bases égyptiennes, l’aéroport de Tripoli est désormais contrôlé par les miliciens islamistes qui étaient visés. Originaires de la capitale et du port de Misrata, un ancien fief révolutionnaire, ils affrontaient depuis juillet des brigades de Zintan, jugées plus libérales. Alors qu’un certain calme est revenu à Tripoli, les combats se poursuivent toujours à Benghazi et à l’ouest de la capitale.
Le chaos libyen, tant militaire et politique qu'humanitaire, n'en finit plus d'inquiéter Le Caire. Qui craint avant tout les infiltrations de jihadistes, notamment ceux d'Ansar al-Charia, actifs dans l'est et le sud de la Libye. «Le désert libyen est devenu un incubateur de jihadistes. Depuis la prise récente de villes symboliques comme Benghazi, il s'est imposé comme une zone de transit évidente», explique Khaled Hanafi, analyste politique au centre Al-Arham du Caire.
Trafiquants. Le passage d'un pays à l'autre est d'autant plus aisé que l'armée égyptienne ne contrôle que très partiellement les mille kilomètres de frontière avec la Libye. Lors du soulèvement de 2011 contre Kadhafi, l'ONU avait identifié les circuits des trafiquants qui faisaient transiter les armes de l'arsenal libyen depuis Benghazi et Tobrouk jusqu'à la vil