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Interview

«L’Afrique a sa façon de faire face aux épidémies»

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L’anthropologue américain Barry Hewlett insiste sur l’importance de la prise en compte des coutumes locales pour lutter efficacement contre la maladie :
publié le 12 septembre 2014 à 19h26

Depuis le début de l'épidémie en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée, ONG et équipes médicales se sont entourées d'anthropologues afin de mieux comprendre les us et coutumes locaux. En 2000, le Dr Barry Hewlett, de la Washington State University à Vancouver, fut le premier anthropologue à être confronté à Ebola en Ouganda. Il explique le travail déterminant des «spécialistes du comportement» dans les zones endémiques.

Quel est le rôle des anthropologues lors des épidémies ?

Dans l'épidémie actuelle, la plupart des problèmes rencontrés par les personnels sur place sont liés à la culture et aux traditions locales. On appelle ça «le comportement culturel». En ce qui concerne les aspects médicaux, le suivi des patients, les procédures scientifiques ou encore le développement d'unités pour isoler les malades, tout est clair et tout le monde suit les instructions au mieux. Mais le plus difficile, pour éviter la propagation du virus, c'est d'établir un véritable mode de communication avec les communautés locales et de prendre en compte leurs cultures et leur mode de vie pour faire passer les informations nécessaires.

Qu’est-ce que cela signifie sur le terrain ?

L’anthropologue agit comme un médiateur entre les populations locales et le personnel médical ou les ONG. On oublie trop souvent que les Africains ont été exposés à de nombreuses maladies depuis des milliers d’années et qu’ils ont leur propre façon de faire face aux épidémies