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Interview

Jacques Attali: «La gauche nouvelle doit aider chacun à s’émanciper»

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Face à des socialistes déboussolés, l’essayiste et économiste Jacques Attali fait le pari de la mobilité sociale, de l’Europe et de la francophonie. Quitte à abandonner le principe d’égalité ?
publié le 12 septembre 2014 à 18h36
(mis à jour le 13 septembre 2014 à 11h59)

Promesses de campagne bafouées, nomination d'un ancien banquier à la tête du ministère de l'Economie, volonté du ministre du Travail de renforcer le contrôle des chômeurs… que reste-t-il de la gauche sociale-démocrate élue par les Français le 6 mai 2012 ? Dans l'actuelle confusion des paroles et des valeurs, l'ancien conseiller de François Mitterrand Jacques Attali estime que la gauche n'est pas morte, mais qu'elle doit réviser ses concepts : au principe d'égalité, il préfère évoquer «la mobilité sociale», façon pour chaque individu de réussir sa vie plutôt que de vivre de la redistribution de richesses… Directeur de PlaNet Finance, une organisation qui vise à lutter contre la pauvreté par la microfinance, l'ex-sherpa voit l'avenir de la France dans la préservation de son modèle social, la constitution d'une Europe fédérale et la création d'une union francophone, zone pourvoyeuse d'échanges économiques et culturels.

Le nouveau gouvernement Valls, né à la fin de l’été, est-il toujours de gauche ?

Il est de gauche, si être de gauche c’est avoir l’obsession de la justice sociale et créer les conditions pour que cette justice puisse s’exercer. Cela passe par une justice fiscale, mais aussi par l’éducation, l’accès au logement et, plus généralement, l’accès à tous les services de la République. C’est tout le balancement, dans la société française, entre une droite qui met l’accent sur la priorité à la création de richesses et une gauche qui, elle, insiste sur la mobilité sociale, plus que sur l’égalité pure et simple, qui est peut-être une notion dépa